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La blockchain : quels impacts pour le secteur de la santé ?

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Le secteur de la santé pourrait bénéficier des avantages offerts par la blockchain. Il existe d’ores et déjà quelques cas concrets d’utilisation de cette technologie.
6 min
9 sept. 2020
Margot MARIN - Juriste
La blockchain : quels impacts pour le secteur de la santé ?

La crise sanitaire engendrée par le coronavirus a été un accélérateur de développement technologique : télétravail, visioconférence … et ce dans tous les domaines d’activités. Cette même crise rappelle également la nécessité et les intérêts de faire évoluer le système de santé actuel.

A ce titre, la blockchain présente de multiples intérêts pour le domaine de la santé, et peut être le support de multiples utilisations.

1. Les applications envisagées de la blockchain dans le milieu de la santé

D’abord, la blockchain pourrait être mise au service de la traçabilité des médicaments. En effet depuis l’avènement d’Internet, la vente en ligne de produits de santé illicites et contrefaits s'est généralisée, créant ainsi de nombreux risques pour le consommateur final.

Depuis 2008, l’opération Pangea (coordonnée par Interpol) qui vise à démanteler le trafic mondial de médicaments et de produits médicaux contrefaits, a permis de retirer de la circulation plus de 105 millions de produits illicites. D'après les données recueillies chaque année, plus de 11% des médicaments commercialisés en ligne seraient contrefaits. Cette contrefaçon concerne toutes les régions du monde mais elle est accrue dans les pays en voie de développement (notamment d’Afrique centrale, d’Inde …).

Ce fléau, outre le fait d’avoir des répercussions financières néfastes pour le domaine pharmaceutique, cause des décès chaque année.

Aussi, l’intégration de la supply chain (c’est-à-dire la gestion de la chaîne logistique) pharmaceutique sur une blockchain permettrait d’assurer une traçabilité complète des médicaments légalement mis en vente.

Les laboratoires pourraient enregistrer les médicaments fabriqués en blockchain avant leur commercialisation. Ensuite, les entités pharmaceutiques pourraient vérifier que les lots de médicaments sont bien fabriqués par un laboratoire autorisé. Enfin, le consommateur achetant le médicament pourra vérifier le cheminement du produit et le pharmacien pourra facilement le retrouver en cas de rappel d’un lot de médicament.

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Ensuite, la blockchain pourrait également avoir un rôle déterminant dans le processus des essais cliniques en ce qu’elle permettrait :

  • L'enregistrement du consentement des volontaires et de leurs données médicales dans le respect de la confidentialité de leurs informations. Cet enregistrement pourrait notamment se conformer aux dispositions applicables aux données sensibles, prévues par le Règlement européen Général de Protection des Données (RGPD) ;
  • La diffusion des données entre tous les pays. Cet aspect est fondamental lorsque l’essai clinique concerne une pandémie d’échelle mondiale comme la COVID-19 ;
  • La mutualisation des données d’analyse relatives aux maladies rares afin d’accélérer la recherche. Cette mutualisation permettrait indirectement de créer une gigantesque base de données des précédents résultats cliniques, dosages médicamenteux…

Aussi, suite à la mise en place de l’application Stop COVID qui repose sur la technologie Bluetooth, une question d'un député en date du 19 mai 2020 interroge sur la possibilité d’utiliser la technologie blockchain pour le stockage de ces données. Le député auteur de la question s’appuie sur l’argument de la protection des données des utilisateurs, pour mettre en avant l’aspect sécuritaire d’un registre enregistré en blockchain. Toutefois, la réponse ministérielle apportée explique les raisons de l’impossibilité d’utiliser cette technologie dans le cadre de l’application Stop COVID. A ce titre, la blockchain ne permettait pas l’effacement des pseudonymes des utilisateurs contenus dans l’historique de proximité de l’application après une durée de 14 jours.

Cependant la blockchain présente des atouts incontestables qui auraient pour conséquence d’améliorer et de moderniser le secteur de la santé.

2. Les avantages de la blockchain pour le secteur de la santé

D’abord grâce à sa fonction de registre, la blockchain favoriserait l’interopérabilité des dossiers médicaux des patients entre les différents acteurs du secteur de la santé.

En France depuis 2018, il existe le dossier médical partagé (DPM) qui est un carnet de santé numérique sécurisé ouvert à la demande du patient et qui regroupe toutes ses informations médicales personnelles. L'objectif du DPM est véritablement d’améliorer la coordination des soins et d’éviter ainsi les prescriptions inutiles.

Un système de dossier médical reposant sur une blockchain présente de nombreux intérêts :

  • L'assurance maladie et les mutuelles pourraient automatiser le remboursement des frais de santé dès l’inscription d’actes médicaux remboursables sur le dossier du patient ;
  • Tous les acteurs du secteur de la santé travailleraient sur une même base de données, ainsi les données des patients seront accessibles plus facilement. Cela présente un grand intérêt lorsque la personne n’est pas en capacité de répondre aux questions du personnel soignant ou en cas d’urgence ;
  • Les entités pharmaceutiques pourraient également prévoir leur stock en fonction des ordonnances délivrées à leurs clients.

Aussi l’enregistrement en blockchain garantirait l’immutabilité des informations stockées, car la modification des informations stockées dans un bloc engendrerait une modification des autres blocs enregistrés en blockchain.

Surtout, la blockchain est par nature une technologie résistante aux cyber-attaques. Cet attribut sécuritaire est essentiel dans le secteur de la santé compte tenu de la confidentialité et de la sensibilité des informations.

Enfin, du fait de la décentralisation et de la sauvegarde d’une copie par différents utilisateurs du réseau, la blockchain permet de réduire les intermédiaires et ainsi de réaliser des gains économiques et de temps.

3. Quelques cas concrets d’utilisation de la blockchain par le secteur de la santé

Le marché de la blockchain dans le secteur de la santé pourrait se révéler être très lucratif. En effet, d’après l’étude statistique publiée par Global Markets Insights en 2019, le marché mondial de cette blockchain en 2018 est évalué à 48 millions de dollars et pourrait augmenter de 65% d’ici 2025.

Aussi, certaines sociétés ont d’ores et déjà développées des technologies fondées sur celle-ci.

Par exemple, la société franco-américaine Embleema créée en 2017 a conçu un service de stockage en blockchain des données de santé, après consentement du patient afin d’avancer sur les recherches cliniques. Ce service basé sur la blockchain permet de mener des essais cliniques dans des pays différents, mais aussi en temps réel. Ce suivi en temps réel de la progression d’un essai clinique est essentiel en période de diffusion de l’épidémie.

Très récemment, suite au déconfinement et à la reprise des compétitions sportives, certains clubs sportifs cherchent des solutions permettant de rouvrir au public ces manifestations.

Ainsi des applications à l’image de Certus visent à mettre en place un véritable passeport sanitaire qui permettra de contrôler les résultats du test de dépistage de la COVID-19 préalablement fait par les spectateurs entrants. Cette application a séduit le club de football de Monaco qui teste actuellement l’utilisation de cette technologie basée sur la blockchain. Ce passeport sanitaire doit bien sûr respecter le degré de protection prévu s’agissant des données personnelles sensibles, érigé sous l’empire du RGPD.

4. Les étapes nécessaires à l’intégration de la blockchain au service de la santé

Dans le domaine de la santé, comme dans celui des professions réglementées (ex : notaires, greffiers …) la blockchain répond aux attentes de sécurité et de confiance.

Toutefois pour l’heure, de nombreuses interrogations subsistent aussi bien d’un point de vue pratique et technique que d’un point de vue juridique et culturel.

Sur le plan technique, il faut répondre à la question de savoir qui serait chargé de la gouvernance du réseau et qui pourrait participer à la validation des blocs de ce réseau. Cette question est essentielle dans les blockchains privées, elle ne l’est pas dans les blockchains publiques puisque par définition elle est ouverte à n’importe quel utilisateur (voir article Quelle blockchain a choisi Axiocap ?).

D'un point de vue culturel ensuite, le secteur de la santé reste relativement en marge du mouvement de digitalisation qui gagne la plupart des secteurs d’activités. Aussi, l’intégration de la blockchain dans ce cadre prendra du temps, dès lors que la transformation numérique notamment en termes de stockage des données n’est pas aboutie dans la quasi-totalité des pays (Etats-Unis, France, Australie …).

Enfin, d’un point de vue législatif, il est nécessaire de réglementer ce type de blockchain notamment en créant des organismes de certification de ces technologies. Dès lors que les données amenées à transiter sur la blockchain sont confidentielles et sensibles, il faudra également envisager les obligations qui devront impérativement être respectées par les responsables de traitement.

Ainsi, à court et moyen terme, les applications les plus prometteuses de la blockchain pour le secteur de la santé bénéficieraient au milieu pharmaceutique et aux consommateurs par l’amélioration de la traçabilité et de la transparence de la supply chain.

Sources : Opération Pangéa -Site Interpol

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